Musique, chant lyrique, projection vidéo, comédie, mélo, philosophie... Il y a un peu de tout cela dans le spectacle très imaginatif de Michel Podolak, écrit par Frédéric Lenoir. Un spectacle qui emprunte parfois à l'expérimental en usant par exemple d'un Karlax. Pour autant, malgré parfois quelques effets de mise en scène un peu lourds (rideaux & voiles plutôt que noirs, didgeridoo trop récurrent...) qui ont tendance à ralentir le rythme, on suit sans peine un fil conducteur tenu mais qui ne lasse pas.
Le propos est une large réflexion sur l'homme moderne, sur la quête de sens qui taraude beaucoup d'entre nous dans ce monde de plus en plus complexe et âpre. Qu'est-ce qui constitue notre essentiel ? Le progrès est-il toujours bon pour l'homme ? Est-ce une nouvel ère qui s'ouvre, une renaissance...? Quelle place pour l'amour dans cette virtualité, pour l'humain dans le numérique dans le consumérisme ? Ce ne sont que quelques questions seulement parmi les nombreux thèmes abordés, traités, effleurés, soulevés.
La pièce est servie par d'excellents comédiens-chanteurs et musiciens (parfois les trois à la fois). Mention spéciale aux rôles principaux Estelle Boin et Luc-Emmanuel Betton, aussi juste en chant qu'en comédie. Luc-Emmanuel pourrait être, par la ressemblance physique, le talent et la folie, le jeune frère de Laurent Laffite, étonnant de virtuosité, il chante, danse, joue la comédie en même temps que de la contrebasse... Ils sont accompagnés de chanteurs lyriques et comédiens, Jean-Claude Sachot par exemple, qu'on a plus l'habitude d'entendre (grande voxographie de films et séries.) qui incarne Socrate.
Prisonnière d'elle-même et de la démesure de son époque, Stella, trentenaire, est incapable de vivre l'instant présent. Socrate et Léonard de Vinci, ces géants du passé qui osèrent rêver le monde et accompagner l'homme, viennent éclairer sa quête de sens. Confrontée à un dérèglement technologique - celui aussi de sa propre voix de chanteuse lyrique -, symbole de notre humanité qui ne semble plus maîtriser sa destinée, l’héroïne découvrira comment l’homme peut, et doit, rester maître de la technique et de son destin.
Si le texte pose de nombreuses questions, il apporte peu de réponses en revanche à l'image de notre société qui survole les notions, zappe en permanence, rebondit d'un média à l'autre sans prendre le temps de la réflexion. Ce n'est pas là, la moindre de ses contradictions. Il y a dans Renaissance, matière à faire de nombreux autres spectacles, à nourrir et impulser différents débats. Mais c'est déjà un succès que d'avoir réussi à nous y inviter par cette jolie expérience théâtrale un peu foutraque.
Renaissance - http://www.renaissance2043.com/renaissance/le-spectacle/renaissance/
Billet-reduc
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