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Ou alors suis-je vraiment mauvais public ?
LE PITCH. Damien est directeur d'une agence immobilière qu'il dirige avec humanité. Obnubilé par le devenir de sa fille au collège tandis que sa femme est en voyage professionnel, il fait face avec maîtrise aux demandes de ses clients. Son secret : à chaque fois qu'il est stressé, il s'habille en femme et devient Brigitte. Une dimension parfaitement acceptée par sa femme mais aussi par ses fidèles clients. La société de Damien va subir un contrôle fiscal. De la confrontation entre un homme libre qui assume sa particularité et un inspecteur des impôts psychorigide et enfermé dans une vie douloureuse, naît un discours sur la tolérance entre rire et drame.
CRITIQUE. En fait, le pitch est à l'image des failles de la pièce : chaque fois qu'il y a du conflit, le personnage fuit. En cela, la pièce est remarquable de vacuité. Dès qu'une situation pourrait donner lieu à un conflit profond, on reste à la surface de l'écume, on évite le conflit psychologique personnel, on use d'artifices pour en sortir.
Aucun personnage ne vient perturber cette douce mélodie d'ascenseur. Ni Lucie, la secrétaire, dévouée, sous la coupe du patron qui accepte tout sans broncher : son travelotage, les grands cris dans son dos pour la faire sursauter, ses ordres. Ni le client récurrent qui vient pour acheter n'importe quoi (un box de garage, un appartement, un plateau sur le champs, un bateau...) qui accepte tout également : le café infect, le travelotage du patron, la présence de l'inspecteur des impôts qui irrite tout le monde avec sa sonnerie de portable. Personne ne fait de vague. Les conflits avec cet inspecteur caricatural (on est forcément austère, bêtement soupçonneux, colérique quand on travaille au centre des Impôts) sont d'ailleurs bien légers. Des conflits pour la forme uniquement avec des procédés vus et revus. Un bien pâle contrôleur quand on se souvient du Dîner de cons.
Le propos met un temps infini à s'installer en nous présentant le personnage central dans un quotidien qui nous lasse. Il ne se passe rien sur le plan des conflits moraux. La "double" identité de Damien est mal gérée et ne sert à rien. On aurait très bien pu imaginer la même confrontation entre un homme "bien dans sa vie" au point d'être trop cool face à un homme fermé, rigoureux mais engoncé dans son amertume, et que chacun apprenne de l'autre au final.
Même quand le contrôleur découvre pour la première fois Brigitte, son étonnement est muet. Il faut attendre le dernier acte pour arriver au coeur de ce qui semble être le propos : vous êtes libre, vous qui assumez de vous déguiser en femme alors que moi, pauvre inspecteur austère, je subis ma vie. Alors pour tenter d'être libre l'inspecteur des impôts arrivera à son tour grimé pour s'apercevoir que sa liberté ne réside pas en ce procédé. Ouais... Faut s'accrocher aux accoudoirs pour se retenir de partir en pleine représentation et pour avaler ce prêchi-prêcha mièvre et miséreux. Et je ne parle même pas de l'incohérence dans la progression psychologique des personnages. Au secours !
C'est d'autant plus dommage que les comédiens tiennent plutôt la route dans ce désert de Gobi textuel...

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